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1 février 2010

Las Casas, le juste.

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Las Casas, le juste.

La dramatisation du débat entre deux hommes d'Eglise, Las Casa qui défend le droit de Indiens, et Sepulveda, qui exalte les guerres justes et le droit de conquête, dans l'excellent film de télévision de J.C.Carrière, " la Controverse de Valladolid ", a pu donner l'impression que le sort des Indiens avait été scellé en un jour par cette joute oratoire. Organisée en 1550 à la demande de Charles Quint, elle a duré bien plus d'une journée. elle était arbitrée par un jury dont les membres avaient eux-mêmes des avis partagés sur le sujet. La question de savoir si les Espagnols peuvent asservir les populations indiennes au nom d'un légitimes droit de conquête, ou s'ils doivent respecter les droits et la liberté d'un peuple qui ne leur a fait aucun tort, accompagne en réalité la colonisation de l'Amérique durant tout le XVIe siècle.

Bartolomé de Las Casas, qui a été nommé par Charles Quint procureur et protecteur officiel de tous les Indiens des Indes, est à cette date un viel homme de 76 ans, désenchanté mais non découragé par tous ses combats menés en vain. Depuis plus de quarante ans, il a défendu la cause des Indiens contre la cruauté des conquistadors et la cupidité des colons qui veulent pouvoir exploiter à discrétion leur force de travail dans les mines et dans les champs. Nommé évêque dans le Chiapas, il a traversé quatorze fois l'Atlantique (ce qui n'était pas à l'époque une petite balade) pour essayer d'alerter la cour et pour obtenir des lois protégeant la population indigène.

Son combat est exemplaire, mais non solitaire. C'est la dénonciation publique de la cruauté des colons contre une race innocente par un autre homme d'Église, Antonio Montesinos, qui l'a converti à la défense des Indiens. Au moment de la controverse, alors qu'il s'est retiré au couvent des dominicains de Valladolid, son combat reçoit encore le soutien de plusieurs universités. Cette crise de conscience de l'Espagne comme puissance coloniale est un phénomène unique dans l'histoire des empires coloniaux. Ni les Portugais ni plus tard les Britanniques, où les Français, n'ont connus de tels doutes. Elle a touché avant tout le clergé qui était imprégné d'idées humanistes. Mais elle a ébranlé parfois la conscience des souverains. Soumis aux pressions opposés de son clergé et du lobby militaro-colonial, Charles Quint a pris des mesures de défense des Indiens qu'il a annulé ensuite. Mais cette brèche dans l'idéologie coloniale a préservé du pire le monde indien.

Las Casas a consacré ses dernières années à la rédaction d'une " Histoire des Indes " dans laquelle il a mêlé ses souvenirs personnels, ceux de l'installation à Hispaniola et ceux de la conquête du Mexique, à une âpre dénonciation des exactions des colonisateurs. Pour éviter que le livre ne semble mettre en cause des acteurs encore vivants de ce drame, il a demandé qu'il ne paraisse qu'en 1600. Son contenu s'est révélé si explosif qu'il n'a été publié pour la première fois en Espagne qu'en 1875 et qu'il n'a été traduit en français qu'en 2002.

La force et la modernité de ce livre ne tient pas uniquement à la violence de ses attaques, qui en fait encore aujourd'hui l'un des réquisitoires les plus impitoyables contre les crimes du colonialisme. Elle tient aussi à la modernité de son argumentation. Las Casas ne fait pas appel à la compassion du lecteur mais à son sens de la justice. Il ne demande pas que l'on fasse preuve de bienveillance à l'égard des populations indigènes mais que l'on respecte leurs droits... 

André Burguière

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Commentaires
B
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> je ne sais pas pourquoi vous avez mis ce lien sur cette page, peut-être en rapport avec le colonialisme ? En tout cas, j'approuve ce qu'à fait cet homme et son commado. Les camps de Harkis, une honte pour le gouvernement de l'époque ! Parqués comme des chiens alors qu'ils avaient soutenu la France au risque de leur vie. Heureusement, la plupart s'en sont bien sortis, et de plus ils se sont adaptés à ce pays qui les a si mal accueillis, quand ils ne les a pas laissé se faire massacrer !<br /> <br /> Je n'habite pas loin de Saint-Laurent les arbres... amicalement,
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