Ce matin, Bruno Wattenbergh revenait sur le miracle économique du Colorado dans le Bel RTL Eco. En une seule décision (controversée), il a gagné tellement d'argent qu'il va peut-être devoir en rendre une partie à ses contribuables. Là-bas, légaliser la vente de cannabis n'a eu que des effets positifs.
L’Etat du Colorado aux Etats-Unis coulerait sous les recettes fiscales de la vente de la drogue… Comment est-ce possible?
Et bien l’Etat du Colorado, comme celui de Washington ou des pays comme l’Uruguay ou les Pays-Bas, a légalisé l’année passée la consommation récréative du cannabis, mais aussi la production et la vente. Résultat, au Colorado, en un une année à peine, plus de 2.000 entreprises se sont ainsi lancées dans la ruée vers ce que l’on qualifie là-bas d’ "or vert" … Cultivateurs, fabricants de produits prêts à consommer, ou encore détaillants ont logiquement fait leur apparition, permettant aux consommateurs de plus de 21 ans de se procurer jusqu'à 28 grammes de marijuana par visite.
Et c’est donc devenu une sorte de secteur économique à part entière?
Exactement, sur une année, au Colorado, le chiffre d'affaires de l’industrie du cannabis est estimé à 690 millions de $, soit à peu près 600 millions €.
Mais tout le monde ne peut quand même pas "comme ça" se lancer dans la culture du Cannabis?
Si, et pour vous donner une idée, à Denver, capitale du Colorado, les cultivateurs de cannabis utilisent déjà un dixième des besoins en électricité de la ville. Mais la production est étroitement surveillée par l’Etat qui a mis en place une sorte de traçabilité : à chaque nouvelle bouture étant accrochée une plaquette avec un code qui se retrouve dans un registre digital contrôlé par les autorités.
Une surveillance étroite, notamment parce que ce commerce est taxé?
Effectivement … au Colorado, le commerce de la marijuana est taxé à 30%, ce qui a rapporté l’année passée à cet état 50 millions de $ (43,5 millions d'euros). Imaginez la question morale qui peut se poser à des pays européens comme le Portugal, l’Espagne ou encore la République Tchèque qui ont dépénalisé la consommation de cannabis, sans pour autant autoriser une légalisation et une production.
Légaliser et taxer est donc une très bonne affaire?
Oui, au Colorado, depuis la légalisation de ce commerce, il y plus de tourisme, de nouveaux emplois, des nouvelles taxes et moins de crimes. En fait, les narcotrafiquants effectuent un calcul coût-avantage pour savoir s’il est intéressant économiquement de produire et de vendre de la drogue. En officialisant un marché et en fixant un prix, on crée une concurrence légale. Les trafiquants intègrent donc un nouveau coût, celui de la concurrence, au calcul coût-avantage, et sont découragés à poursuivre les transactions.
Paradoxe de cette petite histoire, cette drogue rapporte trop d’argent au Colorado?
Oui, les taxes prélevées sont tellement importantes que, selon une loi locale de 1992, une partie va sans doute devoir être reversée à l'ensemble des contribuables. Autre paradoxe, comme l'activité demeure illégale sur le plan fédéral, les banques américaines refusent l'argent du cannabis. Les achats dans les boutiques du Colorado sont donc réglés en liquide, puis transportés par des convoyeurs de fonds.
Bien que les rapports précédents ont indiqué que les tribus amérindiennes étaient inquiets de la poursuite pénale fédérale sur la production de cannabis , mais depuis que le gouvernement fédéral peux leurs permettre de mettre en place le fonctionnement d'une industrie du cannabis récréative sur les terres tribales, une pléthore de tribus ont depuis rejoint avec intérêt la production et la vente de cannabis.
Un article récent du Huffington Post affirme que près de 100 tribus ont contacté FoxBarry Farms, une entreprise qui aide dans le développement économique des communautés tribales, avec beaucoup d'enthousiasme dans le mois passé, sur l'établissement des opérations dans le commerce du cannabis récréatif .