Père Noël,
Comme j’ai été sage toute l’année, je t’écris cette lettre pour te réclamer mon cadeau.
En fait, je ne sollicite rien pour moi, mais plutôt pour d’autres que tu as bien connus. Je suis sûre que tu te souviens d’eux. Il est vrai que c’était il y a bien longtemps, mais tu ne peux pas les avoir oubliés. Ils étaient gentils, pleins d’amour, prêts à refaire le monde en plus beau, avec des copains partout et des bonbons pour tout le monde.
Je veux te parler de certains « adultes », ceux qui décident pour les autres. Je veux te parler des « grands », des « sérieux », des « importants ». Je veux te parler de ceux qui fabriquent le monde autour de ma clairière. Tu ne peux pas les louper. Ils ont tout.
Ils ont les forêts, pour y faire de la bonne huile de palme qui circule sur des grandes routes avec des gros camions. Ils ont les mers, pour anéantir tous les poissons et pour la décorer avec plein de sacs en plastique de toutes les couleurs. Ils ont les champs, pour y mettre plein de pesticides et anéantir les abeilles. Ils ont l’intérieur de la terre, pour y mettre des déchets dedans. Ils ont même d’autres hommes, pour leur vendre plein de verroteries inutiles et pour leur faire faire des guerres lucratives.
Bon, comme je te le disais tout à l’heure, ils ont tout ; alors, c’est très difficile de leur faire plaisir le soir de Noël. J’ai beaucoup réfléchi et je crois que j’ai trouvé.
Je voudrais que tu leur offres… un cerveau neuf. Et dans ce nouveau cerveau, je voudrais que tu leur ajoutes de la mémoire. Tu sais, la mémoire de l’enfance, la mémoire de l’idéal de la jeunesse. La mémoire du joli demain.
Autre chose (je sais que je suis exigeante), je voudrais que tu leur mettes aussi un sentiment que je n’ai jamais rencontré chez eux. Je veux parler du goût des autres. Tu sais, cette chose bizarre que tu donnes et qui te revient en forme de sourire. Petit Papa Noël, si tu veux bien leur offrir ce cadeau, je suis sûre que nous allons tous en profiter. Allez, joyeux Noël !
Naturellement vôtre, La Chouette