On se refuse à laisser détruire ou coloniser sa patrie parce qu’il est impossible de comptabiliser les bienfaits qu’elle dispense, de même qu’on lutte contre l’incendie de sa maison parce qu’il est impossible d’inventorier ce qui disparaîtrait avec elle. Aussi loin de combattre pour une insaisissable abstraction, l’homme combat réellement pour sa maison.
L’Homme éternel
Je suis très fier de ma religion (…) Je suis très fier d’être enchaîné par les dogmes anciens, ou, comme le répètent avec tant de pertinence mes amis journalistes, d’être l’esclave de croyances défuntes ; car je sais que ce sont les croyances hérétiques qui sont mortes et que le dogme raisonnable seul vit pour être appelé ancien (…) Je suis très fier de ce que les gens appellent l’idolâtrie de la Vierge ; parce que c’est elle qui introduisit dans la religion, aux âges les plus sombres, cet élément de chevalerie qu’on est en train aujourd’hui d’admettre, bien tardivement, et bien mal, sous la forme du féminisme. Je suis très fier d’être orthodoxe en ce qui concerne les mystères de la Trinité ou de la Sainte Messe ; je suis fier de croire au confessionnal ; je suis fier de croire à la Papauté.
L’Homme à la clef d’or
Le bonheur, quel qu’il soit, se mesure à la gratitude ; et je me sentais reconnaissant, sans guère savoir envers qui. Les enfants sont reconnaissants quand le père Noël met des jouets ou des bonbons dans leurs souliers. Comment ne lui aurais-je pas été reconnaissant de m’avoir fait don de deux jambes miraculeuses ? Nous remercions ceux qui nous offrent des cigares et des pantoufles pour notre anniversaire. Pourrais-je ne remercier personne de m’avoir fait don de Vie ?
Orthodoxie
Le monde moderne – ainsi que les mouvements modernes – vit sur son capital catholique. Il puise et épuise les vérités qui sont encore présentes de par le monde dans le vieux trésor de la chrétienté ; y compris, bien entendu, les nombreuses vérités connues de l’Antiquité païenne et cristallisées dans la chrétienté.
La Chose, pourquoi je suis catholique
De même que nous avons pris le cercle pour symbole de la raison et de la folie, nous pouvons très bien prendre la croix comme symbole à la fois du mystère et de la santé. Le bouddhisme est centripète mais le christianisme est centrifuge : il jaillit au dehors. Car le cercle est parfait et infini de sa nature mais il est à jamais fixé dans ses dimensions, il ne peut jamais être plus grand ou plus petit. Mais la croix, bien qu’elle ait à son centre une collision et une contradiction, peut à jamais étendre ses bras sans modifier sa forme. Parce qu’elle a un paradoxe à son centre, elle peut croître sans changer. Le cercle revient sur lui-même et est lié. La croix ouvre ses bras aux quatre vents ; c’est un poteau indicateur pour les voyageurs libres.
Orthodoxie
Il y a guerre de religion lorsque deux mondes s’affrontent, c’est-à-dire deux visions du monde ou, de façon plus moderne, deux façons de voir. Quand l’air que l’un respire est un poison pour l’autre, il est vain de débattre : on ne peut donner à la peste une place au soleil.
L’Homme éternel