Les copains d'abord.
EXPOSITION - La Cité de la musique dévoile un Brassens loin des clichés, poète punk et charmeur...
«Je pensais être spécialiste de Brassens…» Joann Sfar, co-commissaire de la grande exposition que la Cité de la Musique, à Paris, consacre au chanteur s'est laissé séduire par le projet de Clémentine Deroudille. «Elle m'a montré tout ce qu'elle avait rassemblé et je me suis dit que si, moi, j'en apprenais autant, ça valait le coup de le faire.»
Le dandy coquet
«Je voulais faire une expo gentille, que les visiteurs s'y sentent bien», raconte ladite Clémentine. Le Brassens qu'on y découvre défrisera les moustaches de ceux qui voyaient le chanteur comme un papi canaille. «Les spécialistes de Brassens se refilent tous un peu les mêmes infos, affirme Clémentine Deroudille. Moi, j'ai 35 ans, je ne suis pas une gardienne du temple. Je n'ai ni pipe ni moustache. Mon Brassens n'est pas un vieux machin poussiéreux.»
Une foule de documents tous inédits (photos, films, enregistrements audio…), les décors et dessins de Sfar, et surtout les chansons qui accompagnent le visiteur, dévoilent notamment le jeune Brassens. Un dandy sétois un peu bandit et sans moustache qui fera de la prison pour des cambriolages.
L'anar bosseur
«On a aussi voulu montrer le Brassens qui plaît aux femmes», ajoute Sfar. «Il ne manquait jamais une occasion de se mettre torse nu, raconte Clémentine Deroudille. Il aimait la musculation et il était très coquet.» Les extraits de carnets et les multiples versions de chansons comme «L'Orage» permettent surtout de plonger dans l'œuvre d'un génie littéraire, travailleur acharné.
«Il fait rire et réfléchir, il est compréhensible par les enfants et élitiste. Il est au niveau de La Fontaine, affirme Sfar. Mais Brassens est penseur autant que poète. Très politique mais pas au sens imbécile du terme.» Brassens, artiste français le plus censuré et suivi par les RG, «était un punk, affirme Clémentine Deroudille. Il abordait le sexe, la mort, la religion…» Au final, Brassens se révèle artiste et homme contradictoire. Faux modeste conscient de sa valeur, faux timide charmeur, cancre fier qui apprend le latin à 50 ans… Brassens, tout un poème.
je vous prie, une espèce de pin, pin parasol de préférence"
Son vœu fut exaucé, un bel hommage lui est rendu, puisque à côté de son épitaphe, on a planté un pin parasol !
Epitaphe extraite de la chanson: "Supplique pour être enterré à la plage de Sète" CD Philips-Phono Gram.
A visiter: L'espace Georges Brassens, boulevard Camille Blanc près du cimetière.