Cayce possédait une jeunesse d'esprit, une fraîcheur d'âme qui paraissait incompatible avec le mysticisme.
A part la lecture de la Bible, la pêche et le jardinage demeuraient ses seuls délassements. Il aimait aussi s'asseoir, des heures durant, sur un banc de pierre adossé à sa maison et contempler le lac aux eaux limpides. Dès qu'il pêchait, des enfants venaient près de lui et il leur racontait des histoires, car il avait gardé la fraîcheur d'âme et la fantaisie de l'enfance. Il allait pêcher sous la pluie, le vent ou la neige, car c'était l'unique endroit où il trouvait un refuge contre lui-même.
Par les journées les plus maussades, il travaillait au jardin et parlait doucement aux plantes. Il savait faire pousser des fleurs dans les endroits les plus ingrats ; il les caressait tendrement, comme s'il se fût agi d'êtres humains. Son oeil attentif enregistrait tout ce qui se passait dans la nature et il observait avec passion tous les signes de vie. Un jour de printemps particulièrement chaud, il nota dans son journal : " Magnifique journée -de nouveaux oiseaux se sont mis à chanter aujourd'hui- il me semble qu'ils sont beaucoup plus nombreux que d'habitude, où suis-je plus conscient de leur présence ? Oh ! les chants du merle, des mésanges, des fauvettes, du rossignol... Que c'est joli, le matin ! Il y a un nouvel oiseau, un bouvreuil, je pense, avec un beau gilet rouge, et un bec-croisé jaune et noir. Que ces oiseaux sont gracieux ! Voici des années que je n'en avait pas vu. N'oublions pas non plus le charmant rouge-gorge.
Cayce possédait une jeunesse d'esprit, une fraîcheur d'âme qui paraissait incompatible avec le mysticisme. Il manquait totalement de fierté et d'arrogance, au point que les serveurs de restaurant oubliaient parfois de s'occuper de lui !
A une certaine époque, il cherchait du travail. Il était entré dans un magasin de chaussure et, comme un client l'avait interpellé, il s'était mis à le servir avec beaucoup de gentillesse. Le gérant, voyant le jeune étranger au travail, quitta tranquillement le magasin pour se rendre à la banque. Cayce travailla toute la journée dans ce magasin. Le soir venu, le gérant s'avisa avec stupeur que Cayce n'était pas un de ses vendeurs ! Sidéré, il lui demanda comment il avait bien pu se mettre à vendre sans rien connaître au métier." - " Quelqu'un m'a demandé quelque chose, et je le lui ai apporté " répondit simplement Cayce. Et finalement il travailla dix-huit mois dans ce magasin.
Edgar Cace le prophète ( Jess Stearn )