James Robertson, un Américain de 56 ans, marchait chaque jours 33 kilomètres pour se rendre à son travail. Crédits photo : Ryan Garza/AP
La belle histoire aurait pu s'en tenir là. Mais vendredi, James Robertson a eu la surprise de se voir offrir une nouvelle voiture par un concessionnaire Ford de l'agglomération. Accompagné de deux personnes dont Evan Leedy, l'étudiant à l'initiative de la levée de fonds, l'homme pensait se rendre dans la concession automobile pour trouver une voiture à acheter. Au lieu de cela, il a été accueilli par un comité de soutien et une foule de reporters pour recevoir une Ford rouge flambant neuve en cadeau. «Je ne l'aime pas, je l'adore!», a-t-il dit une fois installé derrière le volant de la voiture estimée 37.000 dollars. «Si seulement mes parents pouvaient me voir maintenant.»
Evan Leedy (gauche), un étudiant de 19 ans qui a lancé une levée de fonds au bénéfice de James Robertson, lui lit des messages de soutien des internautes. Crédits photo : Ryan Garza/AP
Avant de bénéficier de cet élan de solidarité, il ne pouvait pas se permettre d'acheter un nouveau véhicule depuis que sa Honda était tombée en panne. Sans compter le coût de l'assurance, estimé à 15.000 dollars pour cet homme qui n'a pas conduit depuis dix ans. Un prix totalement inabordable pour James Robertson, payé 10,55 dollars de l'heure. Mais sans voiture, il mettait six heures de bus et de marche pour rejoindre son usine, et le même temps pour rentrer chez lui. L'homme de 56 ans travaille de 14 heures à 20 heures, ce qui impliquait de partir de chez lui à 8 heures du matin, après être rentré la veille au milieu de la nuit.
James Robertson, le 6 février 2015 à côté de la voiture qui lui a été offerte pour qu'il puisse se rendre à son travail. Crédits photo : REBECCA COOK/REUTERS
Son histoire illustre un problème inhérent à Detroit, ville en faillite dont la déshérence du réseau de transport public rend les déplacements extrêmement compliqués pour quelqu'un sans voiture. «Je voulais juste l'aider à acheter une voiture pour se rendre à son travail, mais ces dons généreux dépassent l'achat d'une voiture», a déclaré Evan Leedy. «Je tiens à remercier tous les gens qui ont versé de l'argent. Chaque centime aidera James», a-t-il ajouté.
Qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il vente… James Robertson marche. Cet habitant de Détroit, parcourt 33 km pour se rendre à pied à son usine. A 56 ans, il n’a pas le choix car aucun bus n’assure ce trajet. Et son salaire (10,55 dollars de l’heure) ne lui permet pas de s’offrir une nouvelle voiture. La dernière qu’il ait eue, un Honda Accord, l’a lâché il y a 10 ans, après l’avoir transporté pendant près de 25 ans.
Caféine
Comme le raconte le journal local Détroit Free Press, James Robertson marche huit heures et demie par jour. Du lundi au vendredi, c’est le parcours du combattant. Lever à 6 heures. Départ à 8 pour prendre le bus de 8 h 30. Arrivée à 9 h 30, puis trois heures de marche, jusqu’à son usine à Rochester Hills. Le soir, il termine à 22 h. Trois heures jusqu’au bus qu’il prend à 1 h. Après avoir traversé à pied des quartiers pas très sûrs, il arrive à 4 heures du matin chez lui, où il s’offre seulement deux heures de sommeil avant de se lever à 6 heures. Pour tenir le coup, ce marcheur boit des litres de Coca-Cola et de Mountain Dew, un soda caféiné au goût d’agrumes.
Lorsque ses collègues lui demandent pourquoi il ne déménage pas, il répond qu’il veut garder la maison dont sa petite amie a hérité. Et il ne se voit pas arrêter de travailler.
Cette histoire, publiée dimanche dernier a été largement diffusée sur les réseaux sociaux et a créé un élan de solidarité incroyable aux Etats-Unis. En deux jours, il a déjà récolté plus de 160 000 dollars de dons, comme le raconte un second article de Détroit Free Press.
Un des nombreux lecteurs émus par l’histoire de James, un étudiant en informatique, a décidé de créer un site de crowfunding (financement participatif) pour permettre aux internautes de faire un don et de l’aider. Le résultat n’a pas tardé : en moins d’une heure, l’étudiant avait récolté près de 2 000 dollars (1 763 euros). Et deux jours après, 161 000 dollars avaient été versés. Dans cette vague de soutien, certains ont même offert une voiture. Une personne a proposé de lui fournir un chauffeur personnel, un concessionnaire lui a proposé de choisir entre une Chevrolet Cruz 2014 ou une Sonic donner. Et d’autres ont envoyé des billets de bus et des vélos.
«Vous êtes sérieux ?», s’est exclamé dimanche soir James Robertson, face à un journaliste venu lui demander sa réaction. Il a expliqué qu’il était «étonné que des inconnus se soient montrés si généreux» et s’est dit «flatté».
L’idée d’un service de minibus temporaire, qui emmènerait James Robertson de chez lui à son usine, a même été proposée, mais aussitôt écartée par le principal intéressé : «Je préfère que cet argent soit consacré à un système de bus qui fonctionne jour et nuit plutôt qu’à un petit bus qui me serait réservé. Cette ville a besoin de bus disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Vous pouvez rapporter mes propos au maire de la ville.»