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5 avril 2013

L’œuvre majeure de Fred, odyssée psychédélique et onirique, dessinait le monde des lettres de « l’Océan Atlantique ».

Disparition de Fred : Philémon orphelin             
    
Disparition de Fred : Philémon orphelin

Le dessinateur Fred, auteur du génial « Philémon », cofondateur du journal Hara-Kiri et figure de la bande-dessinée française, s’est éteint à l’âge de 82 ans. Retour sur la carrière d’un poète libertaire.

Quiconque a déjà lu Philémon ne l’a sans doute jamais oublié. L’œuvre majeure de Fred, odyssée psychédélique et onirique, dessinait sur des cases déstructurées le monde des lettres de « l’Océan Atlantique ». Partant du postulat que l’on peut voyager dans ces mondes secrets, qui pour le commun des mortels ne sont que des lettres sur une carte, Fred a déroulé en seize albums un univers où le ciel compte deux soleils, où les chats ont neuf queues et les centaures existent, où des mains géantes deviennent les amies des hommes, où les yeux des chouettes deviennent des phares dans la nuit… Mais Philémon est loin d'être une œuvre décousue et hallucinatoire.

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Ce que Fred a réussi avant tout, c’est inventer une esthétique colorée, un trait unique et élancé, plein de vagues de couleurs et de personnages tout en longueurs. Tout en revisitant le mythe de Robinson Crusoé (sous héroïne). Chaque case devient une prison pour les personnages, desquelles ils s’échappent pour sauter sur une autre page faite de collages, dans une mise en abyme permanente du format de la bande dessinée. Un immense pas vers un roman graphique moderne qui lui a valu de remporter en 1980 le Grand prix de la ville d’Angoulême et de passionner les enfants comme les adultes.

Les débuts d’Hara-Kiri

On a souvent limité Fred à Philémon parce qu’il était son héros emblématique, avec ses cheveux en broussaille et sa marinière à bandes larges, et la pierre angulaire de toute son œuvre. Mais Frédéric Othon Théodore Aristidès, né en 1931 à Paris n’a pas œuvré qu’à écrire les aventures de Philémon et de son ami Monsieur Barthélémy. Il a commencé sa carrière en 1960 en fondant avec d’autres auteurs de bande-dessinée le journal bête et méchant, Hara-Kiri, dans lesquels il s’exerce à trouver son trait si particulier.

Dans les années 70, il écrit ses premières bandes dessinées, Le fond de l’air est frais, Le Petit Cirque, Hum, et le début des aventures de Philémon, dont il publie les premières planches dans le magazine Pilote. Tout au long de sa carrière, Fred a pensé un univers de rêves et de délires en tous genres, qui ne l’ont jamais empêché de s’attaquer à la réalité des inégalités sociales, à travers une satire permanente de la bourgeoisie, et des esprits trop étriqués, les fameux « incrédules ».

Fred a aussi été une inspiration pour des artistes comme Terry Gilliam, qui a beaucoup repris son art du collage, et a collaboré avec Jacques Dutronc (pour qui il a écrit la chanson « Le Fond de l’air est frais »).

Le temps des hommages

Au milieu des années 80, il arrête la bande-dessinée à cause d’une dépression qui le coupe de son univers créatif. Mais c’est justement son séjour en hôpital psychiatrique qui lui offrira l’inspiration qu’il attendait, et il revient à la bande-dessinée en 1993 avec L’Histoire du corbac aux baskets. Il publiera par la suite quelques bande-dessinées (L’Histoire du conteur électrique), sa créativité étant ralentie par des soucis de santé. Comme il l’expliquait à Télérama en mars dernier, « on ne dessine pas avec sa main seulement, mais avec son esprit, sa mémoire. » Après une retraite à Puiseux-le-Hauberger, c’est le temps des hommages.

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En mars 2011, la Galerie Martel à Paris organise « L’Histoire d’un conteur électrique », une exposition qui présente des planches originales de Fred qui dévoilent l’envers du décor de ses collages complexes. Dargaud ressort, dans le même temps, l’intégrale de Philémon en trois volumes. Angoulême emboîte le pas avec une rétrospective en présence de l’auteur lors de son édition 2012. Fred travaille alors sur le tout dernier tome de Philémon, Le train où vont les choses, duquel il accouche dans la souffrance. Empreint de nostalgie, l’album sort en février 2013. La boucle est bouclée, et les deux soleils de l’Océan Atlantique se couchent sur la carrière de l’auteur, qui s’éteint le 2 avril à l’âge de 82 ans.

Par Pauline Le Gall

979442747

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