Le souvenir jamais oublié de ces séances de lecture de mes filles...
La pureté et la beauté de ces films me mettent chaque fois les larmes aux yeux. La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, petits chefs d'œuvres d'Yves Robert qui me font encore ressentir je ne sais quelle nostalgie venue de très loin, du fond de l'âme, dès que je les regarde. Ces films d'une beauté absolue selon moi, me font chavirer le cœur.
Peut-être parce que j'ai vu le premier au cinéma à sa sortie alors que j'habitais au cœur de la Provence et que la fraîcheur de la garrigue, des pins et des sommets imposants de l'arrière pays d'Aubagne m'émeuvent toujours autant, même après m'être éloignée de cette région ?
Ou est-ce la musique, superbe, émouvante, qui me rappelle dans toute sa profondeur les souvenirs de l'enfance de mes filles bercées par le chant des cigales ? Ou est-ce l'odeur du thym et du romarin qui me revient à travers ces films car j'en suis encore imprégnée des chemins que je parcourais et des infusions que je faisais avaler à mes filles pensant leur offrir le meilleur de la nature ?
Ou les commentaires de Jean-Pierre Darras, dont la voix retraçait, avec une perfection sans égal, l'enfance de Pagnol. Celui-ci habitait tout près de chez nous, notre garagiste commun, n'ayant jamais assez de place chez lui, nous avait confié la garde de la méhari de l'acteur qu'il utilisait lorsqu'il redescendait de Paris pour rejoindre son petit village provençal qu'il affectionnait et où il fut enterré. Darras chaque année était le maître d'œuvre du festival de Carpentras.
Ou alors ce sont les comédiens, exceptionnels, dont le jeu fabuleux m'envoutent ?
Ou, encore, le souvenir jamais oublié de ces séances de lectures de mes filles, qui, chaque soir, et chacune à leur tour, avec leurs huit années d'écart, avaient eu ces deux livres pour exercer leur talent de lectrices à la maison ? Je trouvais les textes beaux et pleins d'humour, sans y accorder pourtant toute l'attention qu'ils auraient mérités. Je ne découvris malheureusement toute la beauté biographique que recelaient ces souvenirs qu'au travers des films. Et même si j'appris plus tard que Pagnol avait quelque peu modifié la vérité sur cette enfance heureuse, il n'en restent pas moins émouvants et plein de tendresse.
Un enseignant, le directeur de l'école primaire, avait donné à mes filles dès leur plus jeune âge, le goût de cet auteur. Et chaque année, la petite sortie de fin d'année des 8/10 ans, avait pour thème : " sur les traces de Pagnol ". Mes filles ont dû découvrir, sans attrait particulier je suppose, leur âge et le lieu enchanté où elles vivaient déjà ne les incitant pas à l'émerveillement, les belles montagnes du Garlaban et Aubagne... Mais leur maître avait eu le mérite de les amener dans les pas de l'auteur qu'il affectionnait tant.
Ce directeur d'école, offrait encore plus de dépaysement à ses élèves de CM2, pour la grande sortie de fin d'année scolaire. Un voyage d'échange avec d'autres classes, régional mais parfois bien plus loin encore ! Ma plus jeune fille découvrit ainsi la Dordogne et ma fille aînée, quelques 8 années plus tôt eu droit, à l'âge de 10 ans... à la découverte de la Guadeloupe ! Ce fut le plus lointain voyage que cet instituteur organisa. Ceux dont les parents ne pouvaient payer une telle sortie étaient aidés par une tombola et une soirée à leur profit. En échange, puisqu'il s'agissait d'échange culturel, les jeunes guadeloupéens étaient venues eux aussi à la découverte de la Provence durant deux semaines. Vous étiez un peu sévère Monsieur Michel, mais vos élèves vous respectaient, vous étiez juste et un bon enseignant.
Juin 2011