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24 avril 2012

Waris Dirie et son combat contre l'excision: "J'ai connu le martyre à 5 ans".

Quand vous prononcez "excision" devant Waris Dirie, la jeune femme se dresse, telle une panthère.

A l'occasion de la sortie de « Fleur du désert »*, son biopic, l'ex-top model réaffirme son combat contre l'excision, l'horreur dont elle a été victime à 5 ans. Et milite pour imposer le respect des droits des femmes partout dans le monde. Interview d'une indomptable. 

 Le film aurait pu s'appeler « Le fabuleux destin de Waris Dirie ». L'histoire d'une gardienne de chèvres somalienne devenue femme de ménage à ­Londres, puis repérée par un photo­graphe de mode. Waris Dirie a été mannequin, ambassa­drice à l'Onu, auteure d'un best-seller, et aujour­d'hui star d'un film sur sa vie. Avec ses parents ­éleveurs nomades. Ses onze frères et sœurs. Et elle, si grande, si belle que tous les hommes veulent l'épouser. Hélas ! Dans le désert ne se cache aucun prince charmant. Pour cinq chameaux, son père la vend à un vieillard. L'ado, alors, se dresse contre son mauvais sort, fuyant la hutte familiale, marchant quatre jours pieds nus dans le sable brûlant. Sans manger ni boire. Son père la poursuivant de dune en dune, jusqu'à ce qu'il disparaisse comme un point à l'horizon. Elle a 13 ans, ne sait ni lire ni écrire, ignore où est Mogadiscio. Et pourtant, inscrite au plus profond d'elle, cette idée que seule la ville la libé­rera des traditions barbares de son clan.

 A 5 ans, Waris a été « mutilée » : ablation du clitoris, des petites et grosses lèvres. N'ayons pas peur des mots. Encore aujourd'hui, elle en ­souffre. Comme ses sœurs, ses tantes et des millions de femmes qui, depuis la nuit des temps, deviennent folles dans leur corps et dans leurs têtes. Ou même en meurent. En silence. Et c'est bien cela le drame. Car cette mutilation, comme la plupart des gamines, Waris l'a réclamée à sa mère.

Waris Dirie
Waris Dirie: "Lors de mon excision, ma mère ne voulait pas de taches de sang sur les couvertures"
Marie Claire : Dix ans après le livre, le film. Est-ce plus intime encore de se voir à l'écran ?

Waris Dirie : Oui et non. Cela m'a bouleversée de me voir sur grand écran. Mais en même temps le film traite de mon enfance, de mes galères de sans-papiers à Londres, de mes débuts comme mannequin... Du passé pour moi. Je sais que le film est bon, c'est ce qui m'importe. Je veux qu'après l'avoir vu, les spectateurs réalisent l'horreur et se mobilisent. Pour ­quelles raisons cela continue aujourd'hui ? Je n'ai pas la réponse.

MC: Aviez-vous décidé d'écrire le livre pour les mêmes raisons ?

Waris Dirie: On me répétait que cela ne s'arrêterait jamais si je ne faisais rien. Je me suis dit : « OK, ce problème, il faut l'incarner avec des yeux, des jambes, une voix, un visage. Comment ? En me mettant en scène. Rien ne sera plus fort que de raconter ma propre histoire. » J'ai accepté le rôle.

MC: Pourquoi pas une femme ne l'avait fait avant vous ?

Waris Dirie: Pas facile de déballer en public sa vie la plus privée.

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MC: Les images les plus fortes sont celles où vous êtes mutilée. Est-ce que cela s'est réellement passé comme cela, en pleine nature, dans le désert ?

Waris Dirie: Tout est vrai dans le film.

MC: Mais pourquoi sur une pierre ?

Waris Dirie: Dans le désert, il n'y a pas d'hôpital, pas de maison. Ma mère ne voulait pas de taches de sang sur les couvertures.

MC: Cette femme, d'où venait-elle ?

Waris Dirie: Je n'en sais rien. Je ne la connaissais pas...

MC: Elle savait que c'était criminel ?

Waris Dirie: Bien sûr ! Une femme de 60 ou 70 ans, elle sait. Ces femmes sont des veuves sans revenu. La seule façon pour elles de gagner leur vie, c'est de mutiler dix fillettes par jour. Elles utilisent lames de rasoir, ciseaux, couteaux, verre, pierres...

MC: En Somalie, elles officient encore ?

Waris Dirie: Partout. Et aussi au Mali et dans tous les autres pays.

Waris Dirie: "Les femmes doivent éduquer les garçons. Chaque mère possède la clé du monde"
MC: Comment avez-vous réagi à Londres, quand vous avez appris que pas une Anglaise n'était mutilée ?

Waris Dirie: J'étais folle de rage. Au fond de moi je savais que la muti­lation était une mauvaise chose, mais je pensais que la loi était la même pour toutes les femmes de la planète. C'est alors qu'est née mon envie de me battre. Comment ­accepter le non-sens et l'abus ? Pourquoi ?

MC: Vous n'étiez jamais allée à l'école ?

Waris Dirie: Non, j'ai appris à lire et à écrire en Angleterre. Ma mère m'avait juste appris à être obéissante et respectueuse.

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MC: Et votre père ?

Waris Dirie: Amour et respect. Mais en même temps je voyais bien que ce n'était pas normal d'être mariée à quelqu'un que je n'avais pas choisi. Je n'ai pas dit non. J'ai pensé : « C'est cela le plan pour moi. Ah, ah ! Bonsoir papa, j'ai mon propre plan. »

MC: Et votre mère vous a aidée ?

Waris Dirie: Oui, elle m'a réveillée avant l'aube et m'a dit : « Pars et trouve ton bonheur. » Elle-même venait de la ville et avait épousé mon père par amour. Elle savait que j'étais différente. Me donner sa bénédiction, cela n'était pas facile pour elle. Je pouvais mourir de faim, être mordue par une bête sauvage. Mais elle avait confiance en moi. Je l'aime.

MC: Quel conseil donneriez-vous à une jeune Somalienne ?

Waris Dirie: N'accepte rien que tu n'aies décidé. Tu as des droits. Bats-toi pour qu'on te respecte. Tu ne dois pas avoir peur.

MC: Etes-vous toujours ambassadrice des Nations unies ?

Waris Dirie: Non. Il y a un tel fossé entre le titre et la réalité. Ou plutôt entre le discours et ce qu'ils font réellement sur le terrain.

MC: Combien de temps êtes-vous restée ambassadrice ?

Waris Dirie: Deux ans, jusqu'à ce que je réalise qu'il y avait un os. En fait, ils n'ont aucun inté­rêt à faire cesser les mutilations sexuelles, sinon ils le ­mettraient en tête de l'agenda. Si tous les hommes politiques se levaient en même temps pour affir­mer ­publiquement que c'est intolérable, moi je n'aurais rien à faire. On ne serait plus là à en parler encore aujourd'hui.

MC: Pourquoi ne pas vous lancer dans la politique ?

Waris Dirie: Il y en a tant qui veulent le job. Moi je suis la présidente des femmes de la planète. Je me bats pour qu'enfin les hommes sachent que nous sommes des créatures spéciales car nous donnons la vie. Ils devraient embrasser les pieds des femmes. Et au contraire, ils nous battent, nous violent, nous tuent.

MC: Quelle est la solution ?

Waris Dirie: Les femmes doivent éduquer les garçons. Chaque mère possède la clé du monde.

 
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Voici le lien de sa fondation :

http://www.waris-dirie-foundation.com/

En plus d'être belle, elle essaie de mener une grande et fastidieuse action à travers le monde et je ne peux que l'en féliciter car c'est ignoble ce qu'il se passe parfois sur la planète.
 
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Commentaires
B
Certains prêcheur musulmans comparent le visage de la femme à une vulve, j'ai mis un article là-dessus, prouvant ainsi, sans l'ombre d'un doute, leur bêtise et l'impossibilité pour eux d'apprécier à sa juste valeur la beauté de leurs femmes... Une raison supplémentaire pour eux de mettre la femme en cage derrière un voile...<br /> <br /> La beauté est souvent suggestive, l'âme est un beau complément, une femme môche avec un cœur et de l'esprit attirera les hommes que la beauté sans cervelle, ils ignoreront (enfin le sexe à ses raisons que la raison ignore, mais là c'est l'instinct qui prime ;-))
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