Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
bichaublog
bichaublog
Newsletter
44 abonnés
14 janvier 2011

Un très beau texte de mon ami Carlos : Estrella de oro, ou l'amour au Mexique.

323001

Estrella de oro.

Il est des chemins que l’on ne peut emprunter qu’une fois, parce qu’ils s’effacent après notre passage ; Ainsi ce voyage que j’ai fait avec elle, il y a si longtemps, sur la ligne Estrella de oro. Un antique autocar nous avait transporté de Mexico jusqu’à Acapulco par les routes sinueuses de la sierra Madre. A La première escale nous nous sommes reposés sous un grand parasol. Le lieu sentait bon les tortillas frais et le cafe de olla, ce café très doux parfumé à la cannelle que savent si bien faire les mexicains. La douce quiétude de cet endroit contrastait avec le tumulte de la capitale que nous avions quittée quelques heures auparavant et donnait un sentiment de paix. Le soleil était haut ; des tourbillons de poussière soulevés par la chaleur montaient du sol en vagues successives ; dans un coin des gosses se chamaillaient en jouant ; une femme préparait des tortillas avec des boules de masa qu’elle aplatissait de ses mains en les tapotant doucement ; Il y avait là un équilibre parfait. Je me laissais  envahir de langueur. Elle plongea son regard dans le mien cherchant à fixer mon attention. Ses yeux noirs brillaient de vitalité, ils m’envoutaient et je me laissais entrainer dans une douce rêverie.

Un peu plus tard sur la route elle me demanda à quoi je pensais sous le parasol. Je répondis que parfois quand je suis ainsi aux limites de la réalité, fondu dans le décor, je ressens une paix totale et je pourrais très bien me dissoudre et disparaître à tout jamais sans que j’en éprouve le moindre regret. J’ajoutai que c’était peut-être cela la douceur de la mort. Elle rit et se moqua de moi en disant que les occidentaux prennent tout trop au sérieux.  Ce n’était pas la première fois qu’elle me lançait cette affirmation ; à la sortie d’une représentation de Carmen que nous avions vue ensemble à Bellas Artes elle commenta la fin tragique de Carmen et Don Jose et prétendit que cette façon de vivre l’amour n’était pas de mise ici et que les Mexicains menaient bien plus sereinement leurs histoires d’amour. Je lui avais répondu qu’elle pensait ainsi parce qu’elle n’avait pas encore connu le grand amour. Elle m’avait regardé un peu surprise, puis elle avait ri et pour toute réponse elle m’avait embrassé.

Finalement la vie a prouvé que nous étions tous les deux dans l’erreur, moi qui prétendais qu’elle ne connaissait pas le grand amour, et elle qui croyait qu’elle le vivrait sereinement.

Peut-être aurait-t-il mieux valu que je disparaisse cette fois là sous le grand parasol.

http://ouastumistoncoeur.over-blog.com/


Publicité
Commentaires
Archives
Publicité
bichaublog
  • L'amour, la philosophie, la sagesse, toutes les injustices et les misères de ce monde, la beauté et les merveilles de notre planète, et son créateur, mais aussi, les faits d'actualités, la politique, les magouilles de ceux qui nous gouvernent.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Visiteurs
Depuis la création 1 560 828
Publicité