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8 janvier 2010

Le mystère de la vie que j'ai vécue, le mystère encore plus grand qui m'attend en ce lieu vers quoi je me hâte involontairement.

 

"J'ai traversé l'enfance, la jeunesse et l'adolescence, période durant lesquelles je me suis élevé de plus en plus haut sur cette mystérieuse montagne de la vie, espérant trouver à son sommet une fin digne de mes efforts ; j'ai ensuite traversé la période de la maturité, durant laquelle j'arrivai au sommet, satisfait et apaisé...J'ai traversé la confusion et l'ignorance, progressant pas à pas quant à la possibilité de m'être trompé en accordant un sens particulier à ce que j'ai accompli."

"Tous les hommes font la même erreur, de s'imaginer que bonheur veut dire que tous les voeux se réalisent."

Tolstoï, un prophète

Difficile de trouver un grand sujet de société auquel le monde actuel soit confronté qui n’ait pas été anticipé et discuté par Tolstoï d’une façon ou d’une autre.

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Lev (Tolstoï) Léon Tolstoï, portrait par Illya Repine (1897)

 Il se demandait si la différence qui existait entre ses réalisations et sa satisfaction, ou son manque de satisfaction, était le lot de tous les hommes. Il ne ressentait rien de ce qu'il s'était attendu à ressentir au sommet de sa vie ; il ne restait plus qu'à descendre l'autre versant :

"Et j'ai commencé cette descente. Non seulement je n'ai plus ces désirs qui m'ont involontairement portés vers le haut, mais j'ai le désir opposé et indigne de m'arrêter et de m'accrocher à quelque chose. J'ai des moments de terreur (encore plus indignes) devant ce qui m'attend ; et je descends avec lenteur et circonspection, me rappelant le chemin de l'aller, examinant le présent et essayant, à partir du présent chemin et à partir de mes observations de tout ce qui m'environne, de pénétrer le mystère de la vie que j'ai vécue et le mystère encore plus grand qui m'attend en ce lieu vers quoi je me hâte involontairement."

Tolstoï (1876)

Outre son travail, Sonia, sa femme, rassemblait des informations pour écrire une courte biographie de son mari. elle étudia tous ses papiers et ses journaux et réussit à se tourmenter.

"Je fouille avidement chaque page de ses journaux où il y a quelque chose sur l'amour et je me torture de jalousie et ceci obscurcit et embrouille tout pour moi. Mais j'essaie."

Toutefois le projet d'écrire la biographie de son mari se révéla trop difficile et après cinq mois d'efforts, elle l'abandonna :

"Sa vie intérieure est si compliquée et la lecture de ses journaux m'agite tant que j'emmêle mes pensées et mes sentiments et que je suis incapable de regarder les choses raisonnablement."

Sophie lit, relit et réécrit de sa jolie écriture les notes fines et difficilement déchiffrables des épreuves de Guerres et Paix … «  En les transcrivant, je traverse moralement tout un monde d’impressions, de pensées. Rien ne me frappe autant que ses idées, son talent. »

Les détracteurs n'ont parfois vu dans ce couple que l’image même d’une mésentente conjugale, mais à travers les mots de la comtesse, il se lit avant tout le simple reflet de la lente et puissante maturité de l’amour qui l’accompagnera jusqu’au bout de sa vie malgré le départ tragique de Léon Tolstoï juste avant sa mort. « Beaucoup de choses retombent sur Sonia. Nous avons mal pris nos mesures »  sont pourtant les dernières paroles de Léon Tolstoï à sa fille à son chevet de mourant et inquiet au sujet de sa femme.

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